Les voyageurs d’affaires sont de plus en plus nombreux à allier tourisme et déplacement professionnel. Ce phénomène place les entreprises face à un défi : encadrer ces séjours hybrides et clarifier les responsabilités de chacun.
Une réunion à Barcelone en fin de semaine, aucune obligation majeure et des prévisions météo alléchantes : pourquoi ne pas jouer les prolongations, en décalant son billet de quelques heures, voire de quelques jours ? C’est la question qui taraude un nombre croissant de voyageurs d’affaires soumis à la tentation du “bleisure”. Ce mot-valise est une contraction de “business” et de “leisure”, d’affaires et de loisirs, et illustre le mélange des genres entre vie privée et vie professionnelle. Ce phénomène a pris une telle importance ces dernières années qu’il serait presque dangereux pour une entreprise de ne pas s’y adapter.
Cependant, les spécialistes des déplacements professionnels peinent encore à mettre des chiffres sur cette tendance. De la visite de musée entre deux rendez-vous au week-end entier sous le soleil exactement, les pratiques divergent. Chacun marie à sa façon l’utile à l’agréable, ce qui ne facilite pas l’approche du phénomène. Toutefois, Bridgestreet s’y essaie et selon une étude récente de ce grand nom de l’hébergement long-séjour, une très large majorité des sondés (82,3 %) disent profiter d’un déplacement professionnel pour explorer la destination, le tourisme demeurant l’activité la plus courante (77,2 %), devant la gastronomie (66,3 %), la vie nocturne n’attirant que 34,8 % des professionnels.
Un art très français
Forcément, la Génération Y est plus réceptive à cette nouvelle tendance. Le taux de bleisure y atteindrait 36 % selon l’étude Business and Travel Technology publiée en mars par Egencia, contre 18 % chez les 40-50 ans. Mais cette différence repose non pas sur l’aspect générationnel comme on pourrait le penser un peu trop rapidement, mais plutôt sur la pression familiale. En effet, tout porte à croire que ces mêmes “Y” seront moins disponibles pour étendre leur séjour une fois devenus parents… Plus globalement, cette même étude Egencia estime à 24 % la part de voyageurs d’affaires français chez qui le bleisure est “systématique”, évoquant même un “art français d’enrichir le voyage d’affaires”. En effet, ce taux n’atteint que 20 % en Allemagne et 10 % au Royaume- Uni. “Les Français associent le voyage d’affaires aux notions de motivation et de plaisir, tandis que les Britanniques y voient surtout du stress et de la fatigue, ce qui explique pourquoi ces derniers souhaitent rentrer chez eux au plus vite”, précise Jérôme Fouque, vice-président et directeur général d’Egencia France.