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TRIBUNE : « Gilets jaunes »​ ou la crise d’autorité des entreprises

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Alexis Tillette de Clermont-Tonnerre

Par Alexis Tillette de Clermont-Tonnerre
REVENTIS

Impuissance ou inconscience ? Telle a été ma première pensée lorsque j’ai pris connaissance du versement de primes par de grandes entreprises aux salariés.

Naturellement, répondre à l’appel de l’Etat en faisant un geste exceptionnel est louable à la vue du contexte et des attentes fortes des salariés.

Passée cette réaction civique, je n’ai pu m’empêcher de penser à la perte d’autorité de l’entreprise.

Responsable mais pas coupable ? Telle a été ma seconde pensée. Aujourd’hui, c’est l’autorité de l’Etat qui est pointée du doigt. C’est facile de s’attaquer au dernier recours, l’instance suprême. L’Etat responsable de tous les maux, c’est plus simple et ça convient à tout le monde. Et l’entreprise ?

Cette note j’ai souhaité la rédiger en découvrant un extrait d’une interview du Général Pierre de Villiers dans « Le Point », qui, évoquant l’Etat, mentionnait : « Il y a trop d’hommes de pouvoir qui ne sont pas des hommes de responsabilité » et de conclure « peut-être cherchent-ils trop les honneurs et pas assez l’honneur de diriger ?».

Mais ne s’agit-il pas au fond d’une crise d’autorité de l’entreprise avant d’être une crise sociale, voire une crise de l’Etat providence ?

Ces manifestants sont principalement des salariés qui passent la majorité de leur vie dans un cadre professionnel qui s’éloigne progressivement des notions de sens, de motivation, et d’engagement. Pourtant l’entreprise dispose de 2 atouts. Selon l’étude menée en 2016 par la CFDT auprès de 200.000 salariés, 57% des salariés se déclarent fiers de ce qu’ils font et 54% déclarent ne pas travailler pour gagner plus d’argent mais pour « avoir un sentiment d’utilité ».  

L’enjeux c’est permettre à chaque salarié de se réaliser. Comment faire pour que le « capital humain » ne soit plus un moyen d’atteindre un objectif mais un objectif stratégique en soi ?

Le mot « autorité » se rattache au mot latin « augustus » qui signifie « celui qui renforce l’efficacité par son charisme ». L’autorité sert à guider, faciliter la montée en compétences du salarié afin qu’il puisse se réaliser et contribuer au développement de l’entreprise. L’autorité n’est en rien un outil de pouvoir synonyme d’autoritarisme.

J’ai observé en tant que salarié et manager cette dérive qui illustre un échec de la capacité de l’entreprise à se mettre au service de toutes celles et de tous ceux qui produisent la valeur au quotidien. Dans ce cas, c’est la route vers la déshumanisation, la déresponsabilisation et la colère.

Certes le management est la composante la plus complexe de la mission du dirigeant. Pourtant c’est lui qui impulse, ou pas, cette confiance, cette volonté de responsabiliser. C’est lui qui décide de faire grandir l’entreprise par et avec les Hommes, et non pas en « s’appuyant » sur les Hommes.

Je suis frappé par ce manque d’autorité qui s’illustre par une peur de prendre des décisions, par un manque de courage et par ce manque de confiance accordé aux salariés. Qu’ils s’agissent de grands groupes, de PME ou de professions libérales.

Accorder sa confiance, responsabiliser contribue à accroître sa légitimité et ainsi son autorité. Se borner à penser que faire confiance, déléguer est une perte de pouvoir, revient à réduire l’autorité et ainsi la légitimité du pouvoir. C’est le début de l’autocratie.

Pourtant, un salarié a besoin qu’on ait confiance en lui. Il a besoin de reconnaissance, d’autonomie pour grandir, pour s’accomplir. Est-ce normale que seulement 27% des salariés estiment avoir un degré d’autonomie suffisant ? (Enquête CFDT 2016). Que 79% des salariés ne veulent pas le poste de leur manager (Étude Audencia 2017) ? Ou encore qu’1 salarié sur 3 n’ait aucune confiance en sa hiérarchie ? (Étude ADP 2018)

Alors oui, j’ai fait partie de ceux qui relativisaient ces enquêtes lorsque je manageais. Oui, j’ai fait partie des managers qui ont plus souvent pris le parti de répondre aux exigences de performance à tout prix plutôt que faciliter l’accès à l’autonomie pour son équipe. Mais je ne veux et ne peux plus ignorer cette tendance. J’en ai fait mon engagement. Un engagement pour un management de confiance au profit de l’entreprise et du salarié.

Je l’observe aujourd’hui en accompagnant les entreprises afin qu’elles ne subissent plus la perte des talents qui ne se retrouvent plus dans leur entreprise, plus encore dans l’entreprise (1 sur 2 souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat, 2 sur 3 se réorienter, 6 sur 10 ne trouvent plus de sens – Opinionway 2016). Dans le fond, ils ne souhaitent pas partir! Juste qu’on leurs donne les moyens de bâtir leur trajectoire de carrière.

Dirigeants ! il est possible de redonner confiance à vos salariés d’autant que 71% sont fiers de leur entreprise (Enquête CFDT 2016). C’est un atout et une opportunité exceptionnelle de bâtir un nouvel engagement de confiance réciproque !

Alexis Tillette de Clermont-Tonnerre

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Personnalisation des modes de travail : un enjeu crucial pour les entreprises
Ces dernières années, les modes de travail ont considérablement évolué. Le télétravail, le travail hybride, le travail à distance ou encore le travail sur site se sont progressivement imposés, remodelant les habitudes professionnelles des collaborateurs et les stratégies organisationnelles des entreprises. Si cette diversité offre des opportunités inédites, elle met aussi en lumière un besoin crucial qui est celui de la personnalisation des modes de travail en fonction des profils, des besoins et des aspirations des employés. Par Franck Boccara Dans un monde marqué par la transformation numérique, des attentes accrues en matière de qualité de vie au travail (QVT) et des enjeux de compétitivité, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’une approche uniforme. La personnalisation devient un levier stratégique pour renforcer l’engagement des collaborateurs, favoriser leur bien-être et optimiser leur performance.

Une mutation profonde des modes de travail

L’évolution des modes de travail s’est accélérée avec la crise sanitaire de 2020. Avant cette période, le télétravail concernait une minorité d’employés, principalement dans les secteurs technologiques ou les métiers créatifs. La pandémie a contraint de nombreuses entreprises à adopter rapidement le travail à distance. Ce bouleversement, bien que temporaire dans certains cas, a durablement modifié les attentes des collaborateurs. Aujourd’hui, les modèles hybrides – alternant télétravail et présence sur site – sont devenus la norme pour de nombreuses organisations. Selon une étude menée par McKinsey en 2023, plus de 50 % des employés considèrent le travail hybride comme un critère essentiel dans le choix de leur employeur. Les avantages sont clairs : flexibilité accrue, réduction des temps de transport, et meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle. Cependant, ces évolutions posent aussi des défis majeurs, notamment en termes de gestion des équipes et d’équité.

Pourquoi la personnalisation des modes de travail est essentielle ?

Dans ce contexte, adopter une approche unique pour tous les collaborateurs ne suffit plus. Chaque employé a des attentes, des contraintes et des préférences spécifiques. Ces différences peuvent être liées à :
  • La nature du poste : un développeur web peut aisément travailler à distance, tandis qu’un technicien de maintenance devra être présent sur le terrain.
  • La personnalité : certains collaborateurs s’épanouissent dans un environnement collectif, tandis que d’autres préfèrent la solitude et la concentration qu’offre le télétravail.
  • Les contraintes personnelles : un parent avec de jeunes enfants peut avoir des besoins différents d’un jeune diplômé sans attaches familiales.
  • Le parcours professionnel : un senior expérimenté n’aura pas les mêmes attentes qu’un junior cherchant à développer ses compétences.
Ainsi, la personnalisation des modes de travail permet non seulement de répondre aux besoins individuels, mais aussi de maximiser la productivité et la satisfaction. L’enjeu est d’adopter une approche équilibrée, qui combine flexibilité et efficacité organisationnelle.

Les bénéfices d’une approche sur-mesure

Renforcer l’engagement des collaborateurs Des employés écoutés et respectés dans leurs préférences sont plus susceptibles de s’impliquer activement dans leur travail. Selon une enquête de Gallup, les entreprises qui offrent des modes de travail flexibles enregistrent une augmentation de 20 % de l’engagement des équipes. Un collaborateur engagé est également un atout pour l’entreprise : il contribue à améliorer l’ambiance de travail, à réduire le turnover et à augmenter la productivité. Attirer et fidéliser les talents Dans un marché de l’emploi compétitif, les entreprises doivent se différencier. Offrir des conditions de travail adaptées est un critère clé pour attirer de nouveaux talents. De même, personnaliser les modes de travail contribue à retenir les employés actuels, en réduisant le risque de départs liés à l’insatisfaction. Améliorer le bien-être au travail Le bien-être des collaborateurs n’est plus un simple bonus : il est devenu un impératif. Les entreprises qui favorisent une meilleure qualité de vie au travail constatent une diminution des arrêts maladie et une hausse de la motivation. En personnalisant les modes de travail, les employeurs montrent qu’ils se soucient de la santé mentale et physique de leurs équipes, ce qui renforce leur image et leur culture d’entreprise.

Les défis de la personnalisation

Si les bénéfices sont nombreux, personnaliser les modes de travail n’est pas sans difficultés. Éviter les inégalités Offrir une flexibilité accrue à certains collaborateurs peut créer un sentiment d’injustice chez ceux pour qui cela n’est pas possible. Par exemple, les métiers nécessitant une présence physique pourraient se sentir défavorisés par rapport à ceux qui bénéficient du télétravail. Gérer la logistique et la technologie La mise en place de modes de travail personnalisés implique des investissements en outils numériques, en formation et en gestion des plannings. Les entreprises doivent également garantir la sécurité des données et la qualité des communications, quel que soit l’environnement de travail. Maintenir la cohésion d’équipe Un risque du télétravail ou des modèles hybrides est la dilution du sentiment d’appartenance. Les managers doivent redoubler d’efforts pour maintenir une culture d’entreprise forte et assurer une collaboration efficace entre les membres de l’équipe, quel que soit leur lieu de travail.

Les clés pour réussir la personnalisation des modes de travail

Écouter les collaborateurs Mettre en place des enquêtes internes, organiser des entretiens individuels et recueillir régulièrement les feedbacks permet de mieux comprendre les besoins et les attentes. Segmenter les profils Il est crucial d’identifier les différents types de collaborateurs en fonction de leurs métiers, leurs aspirations et leurs contraintes. Cette segmentation facilite l’élaboration de solutions adaptées. Proposer une flexibilité encadrée Offrir une liberté totale peut être contre-productif. Il s’agit plutôt de définir des cadres clairs, comme un nombre minimal de jours sur site ou des plages horaires communes. Former les managers managers jouent un rôle clé dans l’accompagnement des équipes. Ils doivent être formés pour gérer efficacement des collaborateurs répartis entre différents lieux ou ayant des besoins variés. Investir dans la technologie Les outils numériques (visioconférence, plateformes collaboratives, logiciels de gestion de projets) sont indispensables pour garantir la fluidité du travail, où qu’il soit effectué. Favoriser les moments de rassemblement Pour maintenir la cohésion, il est important d’organiser des événements réguliers où l’ensemble des équipes peut se retrouver, physiquement ou virtuellement. La personnalisation des modes de travail n’est plus une option, mais une nécessité pour les entreprises souhaitant s’adapter aux évolutions du monde professionnel. En répondant aux besoins individuels des collaborateurs, elles renforcent leur engagement, leur bien-être et leur performance. Cependant, cette démarche demande des efforts en matière de logistique, de gestion et de communication. Face à ces enjeux, les entreprises qui réussiront seront celles capables d’allier flexibilité, équité et innovation, tout en plaçant l’humain au cœur de leur stratégie. La transformation des modes de travail n’est pas une fin en soi, mais une opportunité pour construire un environnement professionnel plus adapté, plus inclusif et, in fine, plus performant.
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