Sisyphe, ce personnage de la mythologie grecque fut condamné à faire rouler, éternellement jusqu’en haut d’une colline, un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet. Selon certaines interprétations, Sisyphe incarne les mouvements perpétuels de la nature comme les saisons. Pour d’autres, notamment Albert Camus dans « Le mythe de Sisyphe », il symbolise le malheur de l’Homme et l’absurdité de sa vie. Déconstruisons ce mythe le temps d’un article et imaginons Sisyphe, enfin, vraiment heureux …
Par Céline Cherqui – Fondatrice de OneWay
Nous l’avons toujours vu comme une malédiction mais finalement ne serait-ce pas l’essence même du travail ? La réussite d’un projet réside dans notre faculté à nous remettre en question pour améliorer nos performances. Certaines techniques nous poussent aujourd’hui à optimiser notre performance en continu, prototyper, itérer, évaluer, améliorer, remettre en question les hypothèses, redéfinir les problèmes et créer des solutions innovantes.
Sisyphe ne serait-il pas le précurseur de l’amélioration continue ?
Prenons l’exemple de la Roue de Deming : c’est une méthode de travail basée sur la notion d’amélioration continue. Elle sert à améliorer une tâche, un process ou une démarche qui ne donne pas satisfaction. Il s’agit donc d’activer, au quotidien, des leviers pour gagner en performance et atteindre ses objectifs.
Facile et pratique à mettre en œuvre, la Roue de Deming communément appelée PDCA, tire profit de l’expérience acquise comme source d’amélioration continue. Pour améliorer un fonctionnement existant, 4 phases sont à enchaîner de manière itérative tant que le niveau attendu n’est pas atteint : Prévoir (Plan), Déployer (Do), Contrôler (Check), Ajuster (Act).
P : Prévoir (Plan)
Où en est-il ? Où veut-il aller ? Que doit-il faire ?
Comment faire pour y parvenir ? De quelles compétences a-t-il besoin ?
Ce qui lui manque : une vision ?
Dispose-t-il de ces compétences ? A-t-il mis en place des indicateurs ?
Qui se charge du suivi, de la coordination, du reporting ?
D : Déployer (Do)
Qui fait quoi ? Quand ? Comment ?
Ce qui lui manque : une équipe ?
Est-il dans les temps ? Peut-il identifier les étapes pour mesurer l’efficacité de la solution ? A-t-il un budget et les compétences suffisantes ? Peut-il évaluer les impacts de la solution envisagée ? Chacun comprend-il son rôle et ses responsabilités ?
C : Contrôler (Check)
Comment se sont passées les différentes tâches ? Peut-on en améliorer certaines ?
Ce qui lui manque : du feedback ?
Quels sont les retours clients ? La communication avec les autres services a-t-elle été optimum ? Est-il dans les temps, le budget ? Quels sont ses points forts ? Quels sont ses axes de progrès ?
A : Ajuster (Act)
Comment corriger les choses ? Quelles priorités doit-il se fixer ?
Pourquoi n’a-t-il pas pu suivre son plan initial ?
Ce qui lui manque : des décisions ?
Qu’a-t-il appris ? Que faut-il éviter les prochaines fois ? Que faut-il prévoir les prochaines fois ?
Moralité :
Ce processus n’a par conséquent pas de fin car il faut ensuite revenir à la phase de planification et reprendre les cycles de la roue de Deming.
Ce qui lui manque : apprendre de ses erreurs ?
A noter que l’expérience cumulée joue un rôle prépondérant car en utilisant les conclusions on enclenche un processus d’amélioration continue qui nous empêche de revenir au point de départ.
Au bout de plusieurs cycles, les solutions proposées s’orientent vers l’intégration de nouveautés, d’innovations technologiques ce qui entraîne une amélioration permanente.
La question que l’on peut se poser maintenant …
Quelle est la durée idéale pour compléter un cycle entier ?
Une semaine ? un mois ? un an ? une éternité ?
Le Sisyphe 4.0 vous dirait que pour être efficace, on doit s’assurer que le cycle est assez court, car plus le cycle est court, plus on est capable de corriger notre trajectoire et de progresser rapidement vers nos objectifs.
Il vous dirait également qu’on a tellement à gagner à mettre de la rigueur dans nos processus d’amélioration…