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Gouvernement Bayrou : gros plans sur Éric Lombard, Marc Ferracci et Véronique Louwagie

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Gouvernement Bayrou : gros plans sur Éric Lombard, Marc Ferracci et Véronique Louwagie

François Bayrou a annoncé la composition de son gouvernement ce lundi 23 décembre avec de nouvelles nominations aux postes qui concernent directement les PME et ETI. Éric Lombard, ancien conseiller ministériel proche des socialistes et directeur général de la Caisse des Dépôts, a été nommé ministre de l’Économie et des Finances. Auprès de lui, Marc Ferracci occupe les fonctions de ministre délégué en charge de l’industrie et de l’énergie, tandis que Véronique Louwagie prend la responsabilité du commerce, de l’artisanat, des PME et de l’économie sociale et solidaire.

Par Eric Orsini

Sa première mission sera de préparer un budget solide pour l’année 2025. Âgé de 66 ans, Éric Lombard prend les rênes de Bercy avec également la responsabilité de la Souveraineté industrielle et numérique. Il pourra compter sur l’appui de deux ministres et trois ministres délégués pour mener à bien ses projets.

Reconduit à la tête de la Caisse des Dépôts au début de l’année 2023, Éric Lombard a su démontrer ses compétences avec des résultats financiers remarquables. L’an dernier, cet organisme public a enregistré un bénéfice net de 3,9 milliards d’euros. Parmi ses principales réalisations figurent la création de la Banque des Territoires, le sauvetage d’Orpea (devenu Emeis), ainsi que l’intégration réussie de CNP Assurances à la Banque Postale.

Lors de la cérémonie de passation de pouvoir, qui s’est tenue ce lundi soir, le nouveau ministre a insisté sur l’urgence de réduire le déficit public tout en préservant la croissance.

« L’urgence écologique, l’urgence sociale, le soutien à nos entreprises et tant d’autres défis nécessitent que nous nous attaquions enfin à ce mal endémique qu’est le déficit », a-t-il affirmé. « Plus nous laissons filer la dette, plus son coût pèse sur l’économie et freine notre développement. L’objectif sera donc de réduire le déficit sans compromettre notre croissance. Trouver cet équilibre sera notre mission prioritaire. »

Éric Lombard : Un technicien économique au parcours atypique

Eric Lombard | Groupe Caisse des Dépôts

Peu connu du grand public, Éric Lombard n’est pas un novice en politique. Dans les années 1990, il a été conseiller de plusieurs figures socialistes, dont Michel Rocard, Pierre Bérégovoy et Michel Sapin. Cependant, après la défaite de la gauche aux législatives de 1993, il s’est tourné vers le secteur privé, rejoignant d’abord BNP Paribas, puis l’assureur Generali, avant de diriger la Caisse des Dépôts pendant sept ans.

Parfois décrit comme un patron aux sensibilités de gauche, Éric Lombard se distingue par son pragmatisme. François Bayrou, interrogé sur ce point, a préféré nuancer : « Je ne dirais pas ça ainsi », a-t-il commenté avec un sourire sur BFMTV, tout en soulignant « les grandes qualités » et « le respect qu’inspire » son ministre.

En 2022, son nom avait déjà été évoqué pour le poste de ministre de l’Économie, et il figurait également parmi les candidats potentiels pour Matignon avant que Michel Barnier ne soit finalement nommé Premier ministre cette année.

Éric Lombard entame désormais une nouvelle étape de sa carrière en se lançant dans l’un des postes les plus stratégiques du gouvernement.

Marc Ferracci : Un expert en économie au service de l’industrie et de l’énergie

Marc Ferracci

Né le 19 décembre 1977 à Les Lilas, Marc Ferracci est un économiste reconnu, diplômé d’HEC Paris et de Sciences Po, et titulaire d’un doctorat en sciences économiques. Professeur à l’Université Paris Panthéon-Assas, il a été nommé pour le prix du meilleur jeune économiste de France en 2016, témoignant de sa contribution significative au domaine économique.

Le parcours professionnel de Marc Ferracci est marqué par une implication active dans les politiques publiques. Il a notamment été conseiller spécial de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en 2019, puis membre du cabinet du Premier ministre Jean Castex en 2020, où il a participé au pilotage du plan France Relance.

Élu député de la 6ᵉ circonscription des Français établis hors de France en juin 2022, il a été réélu en 2024. Durant son mandat, il a été rapporteur du projet de loi de réforme de l’assurance-chômage à l’Assemblée nationale en 2022, illustrant son engagement envers les réformes structurelles du marché du travail.

Sa nomination en tant que ministre délégué en charge de l’industrie et de l’énergie intervient à un moment crucial pour la France, qui s’engage dans une transition énergétique ambitieuse et une réindustrialisation de son économie. Son expertise en économie et sa connaissance des mécanismes du marché du travail seront des atouts précieux pour mener à bien les réformes nécessaires dans ces secteurs stratégiques.

Véronique Louwagie : Une professionnelle aguerrie au service du commerce et des PME

Véronique Louwagie | Ministère de l'Économie, des Finances et de  l'Industrie et Ministère chargé du Budget et des Comptes publics

Née le 20 mars 1961 à Buis-sur-Damville, Véronique Louwagie est issue d’une famille d’agriculteurs. Elle entame sa carrière professionnelle en tant qu’experte-comptable à L’Aigle en 1982, dirigeant un cabinet de 45 collaborateurs.

Son engagement politique débute avec son adhésion au RPR, puis à l’UMP lors de sa création en 2002. Élue au conseil régional de Basse-Normandie en 2010, elle siège à la commission des Finances. En 2011, elle devient conseillère départementale de l’Orne dans le canton de l’Aigle-Ouest.

Députée de la 2ᵉ circonscription de l’Orne depuis 2012, elle est réélue en 2017, 2022 et récemment en juillet 2024. Au sein de l’Assemblée nationale, elle est vice-présidente de la commission des Finances, où elle se distingue par son expertise en matière budgétaire et sa rigueur dans l’examen des comptes publics.

Sa nomination en tant que ministre déléguée en charge du commerce, de l’artisanat, des PME et de l’économie sociale et solidaire reflète sa profonde connaissance du tissu économique français et son engagement envers les acteurs locaux. Son expérience en tant qu’experte-comptable et dirigeante de cabinet lui confère une compréhension aiguë des défis auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises, ainsi que les artisans.

Implications pour les PME et ETI

La nomination d’Éric Lombard au poste de ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement de François Bayrou marque un tournant important pour les entreprises françaises. Cet ancien dirigeant de la Caisse des Dépôts, reconnu pour son pragmatisme et ses succès dans le secteur financier, apporte une expertise précieuse en matière de gestion économique et budgétaire.

Pour les PME et ETI, l’arrivée d’Éric Lombard à Bercy pourrait être, on ose l’espérer, synonyme de stabilité et de vision à long terme. Fort de son expérience, notamment avec la création de la Banque des Territoires et son rôle dans le redressement d’Orpea (devenu Emeis), Lombard a prouvé sa capacité à résoudre des crises complexes tout en favorisant le développement économique. Ses priorités déclarées — réduire le déficit public sans compromettre la croissance — promettent un environnement économique propice à l’investissement et à la création d’emplois.

En outre, sa sensibilité aux enjeux de la transition énergétique et son intérêt pour la souveraineté industrielle et numérique suggèrent des politiques orientées vers l’innovation et la compétitivité des entreprises. Les PME et ETI peuvent s’attendre à un renforcement des dispositifs d’accompagnement, notamment en matière de financements publics, de partenariats publics-privés et de soutien à la digitalisation, ce qui pourrait contribuer à un climat économique plus dynamique et attractif pour les investisseurs.

Toujours pour les entreprises, l’arrivée de Marc Ferracci au ministère de l’Industrie et de l’Énergie pourrait signifier une accélération des réformes visant à favoriser la compétitivité industrielle et la transition énergétique. Son expérience en matière de politiques publiques et sa compréhension des enjeux économiques actuels suggèrent une approche pragmatique et informée des défis auxquels fait face l’industrie française.

De son côté, Véronique Louwagie, avec son parcours professionnel ancré dans le conseil aux entreprises et son engagement politique centré sur les finances publiques, devrait être bien placée pour comprendre les besoins des PME, des artisans et des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Sa nomination pourrait conduire à des mesures favorisant le développement de ces secteurs, notamment en matière de simplification administrative, d’accès au financement et de soutien à l’innovation.

En somme, ces nominations semblent indiquer une volonté du gouvernement de renforcer l’accompagnement des entreprises françaises dans un contexte économique qui n’aime pas l’instabilité.

Avec Éric Lombard à l’Économie, Marc Ferracci à l’Industrie et Véronique Louwagie au Commerce et à l’Artisanat, ce gouvernement tente d’envoyer un message fort : soutenir les entreprises françaises et apporter la stabilité politique que tous les acteurs économiques attendent. Qui vivra verra !

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En France, plus de 99 % des entreprises sont des PME. Elles représentent environ 6 millions d’emplois, sans compter les ETI, ces entreprises de taille intermédiaire qui font le lien entre les PME et les grands groupes. Ce sont elles qui embauchent, forment, exportent, invitent à innover. Ce sont elles qui font vivre les territoires. Mais elles sont aussi les premières à souffrir lorsqu’on touche à la fiscalité. Contrairement aux géants capables d’optimiser ou de négocier leur implantation, une PME ne peut pas délocaliser sa production à l’autre bout du monde du jour au lendemain. Elle n’a pas de service juridique tentaculaire, ni de réserve financière abyssale. Quand on augmente les impôts, c’est elle qui trinque.

13 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires : l’année de trop ?

Toujours selon Patrick Martin, les entreprises françaises vont devoir faire face à 13 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en 2025. C’est un chiffre qui fait tourner la tête. Et pourtant, dans les couloirs ministériels, certains semblent considérer cette ponction comme un « ajustement raisonnable ». Mais peut-on raisonnablement asphyxier les forces productives du pays et espérer en même temps relancer l’économie ? Le président du Medef en doute fortement : « Les entreprises ne peuvent pas supporter de nouveaux impôts ou des hausses d’impôts supplémentaires. Au contraire, il est même urgent de desserrer le frein à main pour relancer l’investissement. »

Le spectre de la promesse envolée : la baisse de la CVAE

Autre point de tension : la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), impôt de production que le gouvernement avait promis de supprimer. Une promesse qui n’a pas été tenue, et qui pèse lourdement sur les entreprises industrielles, déjà soumises à une concurrence mondiale féroce. C’est un impôt que peu de nos voisins appliquent avec autant de vigueur. Et pendant que d’autres baissent la pression pour stimuler la réindustrialisation, la France semble prête à resserrer l’étau.

Une « grande mobilisation patronale » dans la dignité (et le calme)

Face à ce contexte tendu, Patrick Martin ne menace pas de bloquer le pays, ni d’envoyer des tracteurs sur les Champs-Élysées. Mais il appelle à une mobilisation massive, sous forme de meetings : « On ne descendra pas dans la rue. On réunira massivement, comme ce fut le cas par le passé, des milliers de chefs d’entreprise, de tout profil, pour bien signifier que nous refusons d’être la variable d’ajustement de politiques contraires à l’intérêt du pays. » Un message fort, mais exprimé avec la retenue d’un homme d’entreprise. Car il ne s’agit pas ici de revendiquer des privilèges, mais de rappeler que sans entreprises, il n’y a pas de richesses à redistribuer.

Taxer l’outil de travail : l’erreur stratégique

La fameuse taxe Zucman, proposée par certains élus, semble incarner ce que le monde de l’entreprise redoute le plus : une fiscalité idéologique, déconnectée des réalités économiques. En intégrant l’outil de travail dans le calcul du patrimoine, cette taxe risque de pénaliser ceux qui investissent, prennent des risques, et parfois même ne se versent pas de salaire pendant des années. Les PME et les ETI ne demandent pas de « grande mobilisation patronale » mais seront contraintes à s’y joindre si on ne les écoute pas. Elles demandent simplement de pouvoir travailler, investir, se développer sans être constamment pointées du doigt ou ponctionnées davantage. Parce qu’au fond, comme le dit Patrick Martin, ce qu’elles refusent, c’est d’être la variable d’ajustement d’une politique budgétaire qui peine à faire ses preuves. Ce n’est pas une hypothèse. C’est la réalité de nombreuses entreprises innovantes, dans la tech, l’industrie verte ou les services, qui réinvestissent tout pour croître et créer de l’emploi. Les taxer sur une valorisation parfois virtuelle, c’est tuer dans l’œuf l’esprit d’entreprendre.

Entre fiscalité punitive et incertitude chronique

L’autre danger, c’est l’instabilité. Trop de réformes fiscales, trop d’annonces, trop de revirements. Les entreprises ont besoin de prévisibilité, pas d’un budget qui change tous les six mois. Sans visibilité, comment investir ? Comment embaucher ? Comment innover ? La fiscalité doit être un levier, pas un frein. En accablant les entreprises, on risque de provoquer l’effet inverse : moins d’investissements, moins d’emplois, moins de recettes fiscales à long terme.

Desserrer le frein à main

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Congés payés et arrêts maladie
On pourrait croire à une blague de comptoir ou à une chronique absurde d’un pays aux lois ubuesques, mais non : c’est bien une décision de la Cour de cassation qui agite actuellement les milieux économiques. En cause ? Une jurisprudence qui bouscule l’un des piliers de la relation entre employeurs et salariés : les sacro-saints congés payés. Dorénavant, un salarié qui tombe malade durant ses vacances peut tout bonnement reporter ses jours de repos. Et ce n’est pas une option théorique : c’est un droit. Par Franck Boccara C’est peu dire que cette nouvelle a provoqué des sueurs froides chez les dirigeants d’entreprises, qui y voient non seulement une source d’insécurité juridique, mais surtout une ponction supplémentaire sur des équilibres financiers déjà fragiles. Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, n’a pas mâché ses mots. “Bienvenue dans le monde des fous”, a-t-il lancé, résumant avec une formule choc ce que beaucoup pensent tout bas dans les rangs patronaux : que la France, en matière sociale, semble parfois glisser vers l’absurde. Pour comprendre ce qui soulève tant de crispations, il faut revenir à la genèse du problème. En septembre 2023, la Cour de cassation s’est alignée sur la jurisprudence européenne, jugeant que les salariés ne devaient pas perdre leur droit aux congés payés s’ils étaient en arrêt maladie au moment où ils étaient censés les prendre. Une sorte de “deuxième chance” offerte aux malchanceux dont la grippe ou l’entorse sont venues gâcher les vacances d’été. Jusque-là, on pourrait presque saluer la bienveillance d’un tel dispositif. Mais ce qui passe difficilement, c’est la mécanique comptable que cela déclenche en coulisses. Les entreprises se retrouvent en effet à devoir reconstituer des droits à congés, recalculer des soldes de jours, gérer des plannings déjà saturés… et tout cela avec des conséquences budgétaires réelles. Plus encore, la décision implique que les jours de congés payés peuvent désormais être pris en compte dans le calcul du seuil déclencheur des heures supplémentaires. Une subtilité technique, certes, mais qui pourrait alourdir la facture de manière significative dans certains secteurs où l’organisation du travail repose déjà sur une logique tendue. Pour les PME et les ETI, dont les marges sont souvent plus étroites que celles des grands groupes, la décision est vécue comme une injonction supplémentaire dans un climat déjà chargé. L’inflation, les hausses des coûts de l’énergie, les contraintes réglementaires croissantes : autant de facteurs qui grignotent peu à peu les capacités d’investissement et de développement des structures les plus agiles. En ajoutant à cela une gestion des ressources humaines de plus en plus encadrée par des jurisprudences difficilement anticipables, certains dirigeants finissent par se demander s’ils dirigent une entreprise ou s’ils naviguent dans un labyrinthe juridique permanent. Du côté des syndicats, on applaudit en revanche une avancée qui renforce la protection des salariés. Le droit au repos est un principe fondamental, rappellent-ils, et il est légitime qu’un arrêt maladie ne vienne pas léser ce droit. En somme, l’employeur ne devrait pas être “gagnant” à chaque fois qu’un salarié est contraint d’interrompre son congé pour raison de santé. Une logique de justice sociale, certes, mais dont l’application concrète reste complexe pour les petites structures. Car au-delà des débats idéologiques, il y a la réalité du terrain. Comment gérer les plannings lorsque les retours de congés deviennent imprévisibles ? Comment anticiper les coûts associés à ces reports de jours ? Et surtout, comment intégrer cette nouvelle contrainte dans des outils RH souvent conçus pour la simplicité ? Autant de questions qui restent sans réponses claires à ce stade, et qui nourrissent le malaise d’une partie du tissu entrepreneurial français. Le gouvernement, quant à lui, tente d’arrondir les angles. Des discussions sont en cours pour encadrer l’application de la jurisprudence, en précisant notamment les délais de report ou les conditions de justification de l’arrêt maladie. Mais la tension reste palpable, et l’affaire a pris une dimension symbolique. Elle illustre à quel point la complexité normative peut devenir un frein à la compétitivité, surtout dans un contexte où la flexibilité est devenue un mot d’ordre pour bon nombre d’acteurs économiques. Certaines voix, plus modérées, rappellent que ce type de décision s’inscrit dans une tendance européenne à renforcer les droits sociaux, et qu’il appartient aux entreprises de s’adapter à cette nouvelle donne. Elles soulignent également que les salariés ne tirent aucun plaisir à être malades pendant leurs congés payés, et qu’il est donc logique de leur permettre de profiter de ce à quoi ils ont droit. Mais sur le terrain, les DRH s’arrachent les cheveux, entre tableaux Excel, demandes de report, justificatifs médicaux et incertitudes sur les textes applicables. Alors, cette décision marque-t-elle une avancée sociale ou une nouvelle entrave à l’activité économique ? Peut-être un peu des deux. Ce qui est certain, c’est qu’elle révèle une fracture grandissante entre une logique de droit social protecteur et les exigences d’un monde économique qui évolue vite, très vite. Et dans ce décalage, ce sont souvent les entreprises de taille intermédiaire ou modeste qui trinquent les premières. En attendant d’éventuelles clarifications législatives ou réglementaires, les chefs d’entreprise vont devoir faire avec. Adapter leurs systèmes, revoir leurs pratiques RH, se former encore et toujours à une législation mouvante, et garder le cap malgré les turbulences. Quant aux salariés, ils auront désormais une bonne raison supplémentaire de ne pas culpabiliser en glissant un arrêt maladie entre deux jours de plage : la loi est avec eux. Bienvenue, donc, dans une nouvelle ère des congés. Une ère où le droit au repos s’accompagne d’un casse-tête comptable, où le principe de protection du salarié devient un sujet de tension pour les entreprises. Une ère où les bonnes intentions finissent, parfois, par coûter cher.
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