Le 25 février 2025, le président américain Donald Trump a annoncé sa décision d’augmenter les droits de douane à 25% sur une série de produits européens, dont les produits français. Cette annonce fait suite à un climat déjà tendu entre l’Union européenne et les États-Unis sur les questions commerciales. Cette nouvelle décision a des implications majeures pour les PME et ETI françaises qui exportent vers les États-Unis.
Par Franck Boccara
Les conséquences économiques sur les PME et ETI françaises
Les PME et ETI françaises, qui constituent l’épine dorsale de l’économie du pays, sont particulièrement vulnérables à ce type de décision. Elles dépendent souvent des exportations pour leur croissance et leur rentabilité, et la hausse des droits de douane pourrait avoir des effets dévastateurs sur leur compétitivité, leur rentabilité et leur position sur le marché américain.
1. Augmentation des coûts et impact sur la compétitivité des produits
L’un des effets immédiats de l’augmentation des droits de douane à 25% est la hausse des coûts pour les exportateurs français. En effet, les entreprises devront désormais payer davantage pour faire entrer leurs produits sur le marché américain. Cette hausse des coûts de production et de transport se répercutera sur les prix de vente des produits, rendant ces derniers plus chers pour les consommateurs américains.
Pour de nombreuses PME et ETI françaises, des droits de douane à 25% pourraient signifier une perte de compétitivité face à leurs concurrents américains ou asiatiques, qui bénéficient d’un accès plus favorable aux marchés nord-américains. Les produits français, qui sont souvent perçus comme haut de gamme ou de qualité supérieure, risquent de devenir moins attractifs en raison de la hausse des prix. Cela pourrait entraîner une baisse des exportations et, dans certains cas, des pertes importantes de parts de marché.
2. Réduction de la demande et impact sur les volumes de vente
Les consommateurs américains, en raison des hausses de prix, pourraient choisir d’acheter des produits locaux ou d’autres produits étrangers qui restent moins chers malgré les droits de douane. Cette situation serait particulièrement problématique pour les secteurs sensibles aux prix comme l’agroalimentaire, la mode ou les produits de luxe. Les entreprises françaises qui exportent ces produits risquent de voir une diminution de leurs volumes de vente et de leurs marges bénéficiaires, surtout si la demande sur le marché américain devient plus élastique en réponse à la hausse des prix.
De plus, les petites entreprises, qui ont moins de pouvoir de négociation et des marges bénéficiaires plus étroites, seront les plus touchées par cette situation. Elles ne disposent souvent pas des ressources nécessaires pour absorber l’augmentation des coûts ou pour réagir de manière flexible à un changement aussi brusque du cadre commercial.
3. Complexification des chaînes d’approvisionnement
Une autre conséquence importante de cette décision est la nécessité pour les entreprises françaises d’adapter leurs chaînes d’approvisionnement. De nombreuses PME et ETI exportatrices vers les États-Unis ont des processus d’approvisionnement mondiaux, souvent basés sur des coûts optimisés. L’augmentation des droits de douane peut entraîner une reconfiguration de ces chaînes d’approvisionnement, ce qui pourrait à la fois augmenter les coûts logistiques et ralentir la production.
Les entreprises pourraient envisager de relocaliser une partie de leur production aux États-Unis ou de modifier leurs canaux de distribution pour contourner les coûts supplémentaires liés aux droits de douane. Cependant, cela implique des investissements importants et un changement stratégique majeur qui pourrait être difficile à gérer pour les PME.
Les mesures à adopter pour s’adapter à la hausse des droits de douane
Pour se préparer à cette nouvelle réalité commerciale, les PME et ETI françaises devront mettre en place un ensemble de stratégies pour minimiser les impacts négatifs de la hausse des droits de douane. Voici quelques mesures clés qu’elles pourraient adopter.
1. Diversification des marchés d’exportation
L’un des moyens les plus efficaces pour les entreprises françaises d’atténuer les risques liés à la hausse des droits de douane à 25% sur le marché américain est de diversifier leurs marchés d’exportation. En se tournant vers d’autres pays ou régions moins soumis à des restrictions douanières, comme l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique latine, les entreprises peuvent compenser la baisse attendue des ventes vers les États-Unis. Une telle diversification nécessite des études de marché approfondies pour identifier les pays et les secteurs offrant des opportunités de croissance sans les mêmes obstacles commerciaux.
2. Réévaluation des prix et de la politique tarifaire
Face à la hausse des droits de douane, les entreprises devront peut-être revoir leur stratégie tarifaire. Une réévaluation des prix, combinée à une gestion plus rigoureuse des coûts de production et de logistique, pourrait permettre aux entreprises de maintenir leur compétitivité. Toutefois, cela devra être fait avec précaution : une augmentation des prix trop importante pourrait nuire à la demande, surtout si les consommateurs américains cherchent des alternatives moins chères.
Certaines entreprises peuvent également explorer la possibilité de négocier des accords à long terme avec leurs clients américains, afin de limiter l’impact de l’augmentation des coûts pour les consommateurs finaux.
3. Réduction des coûts et amélioration de l’efficacité
Les entreprises françaises peuvent également chercher à améliorer leur efficacité opérationnelle pour compenser les hausses de coûts liées aux droits de douane. Cela peut passer par une rationalisation des processus de production, une meilleure gestion des stocks, l’automatisation ou la mise en place de solutions numériques pour optimiser la chaîne logistique. Une approche de ce type permettrait de réduire les coûts internes et de mieux absorber l’augmentation des coûts externes, tout en maintenant la qualité des produits.
4. Relocalisation partielle de la production
Certaines entreprises peuvent envisager de relocaliser une partie de leur production aux États-Unis afin de contourner les droits de douane. Cette solution, bien que coûteuse à court terme, peut permettre aux entreprises d’optimiser leurs coûts de manière plus pérenne et de renforcer leur présence sur le marché américain.
Une relocalisation, même partielle, nécessitera cependant une planification minutieuse, notamment en ce qui concerne le choix de la localisation des usines ou des sites de production, la recherche de main-d’œuvre locale qualifiée et les investissements nécessaires pour équiper les nouvelles installations.
5. Adaptation aux nouvelles régulations commerciales
Pour naviguer dans ce contexte d’incertitude, les PME et ETI françaises doivent également se tenir informées des nouvelles régulations commerciales. Elles devront s’adapter aux normes américaines, tant au niveau des produits (certifications, étiquetage) que des procédures douanières. Des investissements dans les ressources humaines spécialisées ou la formation des équipes internes pourront être nécessaires pour gérer les formalités administratives et les contrôles renforcés.
La décision de Donald Trump d’augmenter les droits de douane à 25 % pour les produits européens, dont ceux de la France, est un coup dur pour les PME et ETI françaises exportatrices vers les États-Unis. Elle aura des conséquences sur la compétitivité des produits, la demande, les chaînes d’approvisionnement et les marges bénéficiaires. Pour faire face à cette nouvelle réalité, les entreprises devront adopter des stratégies diversifiées : recherche de nouveaux marchés, ajustement des prix, amélioration de l’efficacité et, éventuellement, relocalisation de la production. En restant agiles et en adoptant des mesures stratégiques appropriées, les PME et ETI françaises pourront minimiser l’impact de cette hausse des droits de douane et continuer à prospérer sur les marchés internationaux.
C’est le cas de Anza, startup ayant développé une solution de production d’énergie sur des sites isolés, venu collecter des informations pour savoir comment exporter sa solution en Afrique. “Je viens de discuter avec des experts de la fiscalité pour savoir comment créer une entité française en Afrique et connaitre les impacts financiers de mon projet. J’ai rencontré aussi BPIFrance sur le volet financement, notamment sur les FASEP et les équipes de la Team France Export pour la recherche d’études de marché sur mon secteur” confie Jean-Claude TUYISHIME, fondateur de Anza. De son côté, Micadan, entreprise familiale de prêt à porter masculin qui ne réalise actuellement que 5% de son chiffre d’affaires à l’export, souhaite booster ses ventes à l’étranger. “Nous souhaitons tout d’abord cibler les marchés européens tels que l’Espagne et la Suisse, et ensuite partir sur des pays comme la Pologne. Je suis venue m’informer sur la manière de déposer un dossier de prospection, découvrir aussi le dispositif VIE.” précise Marie-Odile KEHR, commerciale export de Micadan.
Didier BOULOGNE, Directeur général délégué de Business France explique que la Team France Export propose un maximun de solutions en fonction des problématiques des entreprises et de leurs secteurs. “Nous avons affaire à deux types d’entreprises : Les startups qui savent dès leur genèse qu’elles doivent aller à l’international. Mais il y a aussi les entreprises plus traditionnelles qu’il faut convaincre que l’export est toujours une bonne solution, c’est un moyen de grandir, c’est un pari toujours gagnant !” Alain BENTÉJAC, Président de la Fabrique de l’Exportation déplore que le commerce extérieur ne soit plus vraiment une priorité comme par le passé : “On essaye avec nos partenaires de trouver les moyens pour que la France se projete mieux à l’international. Je pense qu’on a un système plus organisé en France qu’il y a 15 ans pour accompagner à l’export avec la création de la Team France Export. Mais on met beaucoup moins de moyens en France pour accompagner sur les salons internationaux qu’en Italie ou en Espagne.” Géraldine LEMBLÉ, Directrice générale adjointe du MEDEF International insiste sur l’importance du collectif dans l’accompagnement des entreprises à l’export : “Nous organisons 40 missions collectives à l’étranger par an. 95% de nos adhérents sont des PME et ETI. Mais nos membres grands comptes ont aussi besoin du collectif, notamment sur des marchés plus complexes”.
La soirée s’est conclue par un cocktail, l’occasion pour les entreprises participantes de poursuivre les échanges initiés lors des rencontres experts.
Pourtant, quand on sait que 93% des personnes qui se sont engagées sur le sujet souhaitent poursuivre leurs actions car elles donnent du sens à leur travail, cela fait réfléchir (






