Les fameux sous-marins australiens seront finalement à propulsion nucléaire et fournis dans le cadre d’un partenariat avec les États-Unis et le Royaume-Uni, annulant de fait le contrat de 31 milliards d’euros avec la France, qualifié de contrat du siècle par l’industrie navale tricolore lors de sa signature en 2016. La déception est à la hauteur de ce contrat torpillé… énorme !!!
Par Franck Boccara
Pour l’industriel Naval Group, il s’agit d’une véritable douche froide aux conséquences finales encore inconnues. Cette décision de l’Australie de ne pas honorer le contrat signé avec la France trouve son explication dans l’alliance passée par le pays des kangourous avec les États-Unis et le Royaume-Uni dans le cadre d’un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique.
En France, cette volte-face a déclenché une colère, un écœurement et un sentiment de trahison bien justifié. Naval Group, l’industriel victime de ce retournement, avait déjà mis en route ce projet gigantesque en envoyant environ 300 personnes en Australie et en passant des accords avec des sous-traitants sur place.
Cependant, ceux qui suivent de près le contrat des sous-marins australiens ne sont qu’à moitié étonnés, connaissant les rumeurs qui couraient à son sujet, le doute qui planait sur le fait qu’il irait à son terme ainsi que les attaques régulières qu’il subissait. L’australie avait d’ailleurs officiellement levé ces craintes en assurant que le contrat serait honoré.
Mais cette garantie australienne a cédé devant la pression exercée par Joe Biden et les États-Unis pour faire capoter le projet. En agitant le spectre (peut-être justifié) de la menace chinoise, le gouvernement américain a su imposé un accord tripartite avec l’Australie et la Grande-Bretagne que les dirigeants des trois pays ont annoncé en grande pompe le 15 septembre.
La France a immédiatement réagit à cette annonce par le rappel de ses ambassadeurs à cause de la «gravité exceptionnelle» de la crise. Jean-Yves Le Drian, chef de la diplomatie française, a immédiatement dénoncé «une rupture majeure de confiance» et une «duplicité». De leur côté, l’Australie et les États-Unis tempèrent la gravité des faits en essayant de minimiser cette manoeuvre de torpillage qui risque de jeter un énorme froid sur les relations entre les pays.
Touché-coulé pour Naval Group ?
À Cherbourg, dans l’usine de Naval Group, la direction enchaîne les réunions de crise avec les partenaires sociaux et la communication. Comment gérer la crise ? Avec des salariés qui travaillaient sur le chantier des sous-marins australiens depuis cinq ans et avec ces 300 Français envoyés à Adélaïde pour partager leur savoir-faire.
Naval Group, fleuron de l’industrie navale francaise à qui l’on vient de dérober le « contrat du siècle » cherche des solutions. « Il y a un gros impact économique et social. On est à peu près sur 650 personnes en France et 300 en Australie, que ce soit des nationaux ou des Français. Il y a donc un gros sujet de reclassement », selon José Batista, délégué syndical CFE-CGC de Naval Group.
Un carnet de commandes solide
« La chance qu’on a, c’est qu’on a un carnet de commandes qui est quand même suffisamment généreux et notamment sur Cherbourg », explique le syndicaliste. « On n’est n’est pas trop inquiet sur le reclassement des personnels. Toutefois, en termes de social, ce n’est jamais évident. On avait encore une quarantaine de familles australiennes qui devaient venir dans quinze jours sur Cherbourg s’installer justement pour poursuivre le contrat. Et puis là, du jour au lendemain, tout s’arrête. »
Pour l’ensemble du groupe, il faudra trouver les ressources afin de se relever de ce coup dur et renforcer ses partenariats à l’international… pour en ressortir grandis.